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Hubert Duprat  -  


Yells Astreuma
2019

Installation : impressions 3D, bulles de verre, gelose, agar-agar, physarum polycephalum, électroniques, enceintes et lumières


En contexte immersif d’exposition physique, cette installation présente plusieurs volumes en verre suspendus et alignés. L’ouïe est également sollicitée, une bande-son relie le visiteur à ce qui se passe à l’intérieur.

Sandra et Gaspard Bébié-Valérian s’intéressent aux questions de la transformation, de la cohabitation et de la colonisation du vivant. Cette œuvre en particulier est constituée de plusieurs entités. Une entité  synthétique, blanche, reproduit (en impression 3D) des organes humains, poumons, vessie, cœurs… points d’énergie du corps que l’on retrouve notamment dans la médecine chinoise. Une seconde entité biologique, jaune, est un physarum polycephalum, plus communément surnommé « blob ». Le physarum développe sa propre logique, son propre réseau avec des réponses qui vont différer selon l’environnement. On entend et on observe dans ces enceintes de verre une possible réappropriation de l’humain par le vivant.  Le physarum deviendrait un agent de remédiation entre l’homme et la nature. Enfin, une troisième entité logicielle et électronique basée sur un réseau neuronal, produit l’environnement sonore, rendantperceptible la relation du physarum à l’organe reconstitué.

Le titre de l’œuvre « Yells Astreuma » est aussi issu d’un programme génératif textuel conçu par les artistes. Il est l’une des nombreuses possibilités poétiques et lexicales dont les « nourritures » essentielles consistent en deux listes distinctes : l’une recense toutes les pathologies connues au monde, l’autre énumère de nombreuses figures mythologiques, sacrées et occultes. De ces lexiques spécifiques et entremêlés, c’est une nouvelle forme de langage qui est produit, activé, modelé par le physarum et ses déplacements. Ce dernier produit alors un meta-langage ouvrant potentiellement à des imaginaires hybrides.

Sandra et Gaspard Bébié-Valérian

Travaillant en binôme depuis 2004, ces artistes et curateurs explorent des problématiques qui  touchent à l’environnement, à l’énergie, aux ressources naturelles et hyperindustrielles ainsi qu’aux enjeux de pouvoir constitutifs de notre société. Leurs installations assemblent des matériaux organiques, chimiques et électroniques qui placent souvent le public dans une position de choix, de responsabilité active voire d’émancipation. Ils ont exposé et participé à de nombreuses expositions et festivals dont à Piksel (Bergen), à la Science Gallery de Melbourne, au festival Voltaje (Bogota), à Rua Red (Dublin), à la fondation EDF (Paris), à Centraltrack (Dallas), au Centre Dramatique National de Montpellier, à Octobre Numérique (Arles), au centre d’art SKOL et le festival Art Souterrain (Montréal) ou encore au CEAAC (Strasbourg). Par ailleurs, ils co-dirigent Oudeis, centre d’art contemporain dédié aux croisements entre arts, technologies et médias. Leur parcours s’appuie donc à la fois sur une connaissance et une observation approfondie du milieu de l’art et des projets transversaux dans une dynamique arts-sciences, ainsi que des activités de recherche prenant forme à travers des publications, des traductions et la diffusion de ressources spécialisées.

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Le saviez-vous ?

Le « blob », animal ou champignon ? Ni l’un, ni l’autre ! Ainsi baptisé en référence à un film d’horreur américain, le blob est en fait une cellule géante à plusieurs noyaux. Plus connu sous le nom de Physarum polycephalum, le blob a longtemps été un vrai casse-tête pour la classification du vivant. Il a très longtemps été rangé avec les champignons. Depuis le séquençage de son génome en 2015, il fait partie des amibozoaires, un groupe d’unicellulaires dits primitifs. Mais sa classe a conservé le nom de myxomycètes (champignons gluants). Le blob questionne les biologistes. Il dispose de 750 types sexuels et peut atteindre la taille de 10 m2 en laboratoire. Bien que dépourvu de cerveau, il est capable d’apprendre et même d’enseigner. Si son mode de reproduction ressemble à celui des champignons (il disperse ses spores dans la nature), sa façon de se nourrir est typiquement animale : c’est un prédateur qui pratique la phagocytose, c’est-à-dire qu’il engouffre sa nourriture. Mais alors que le champignon ne mange que par absorption de micro-éléments, le blob peut ingurgiter des bactéries, des champignons et, en laboratoire, des flocons d’avoine.


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